La culture alternative s’oppose à la culture inféodée à la finance.
Être impliqué en tant qu’artiste dans un contexte alternatif constitue un choix, et non un pis-aller. Cela consiste à développer un travail artistique personnel ou collectif dans un cadre associatif. Ce cadre organique permet de louer un espace moins cher qu’individuellement, de partager des locaux communs (menuiserie, stockage, atelier de moulage, cuisine, etc.) pour ainsi ressentir moins fortement la pression financière liée aux frais fixes professionnels.
Cette juste balance entre lieu destiné à la culture et loyer modeste est essentielle pour la recherche artistique qui a besoin de la durée pour se développer. Cela évite à l’artiste de rentrer dans la logique du marché pour subvenir à ses besoins et de rester libre de ses contraintes et/ou cela lui évite de se perdre dans des activités lucratives parallèles trop lourdes qui peuvent le couper définitivement de son travail artistique.
La culture émergeante s’oppose à la culture du produit fini.
Être artiste dans un contexte de culture émergeante ne signifie pas forcément d’être un jeune diplômé. Cela signifie avant tout, ancrer sa pratique dans un esprit expérimental, pluridisciplinaire et ouvert à la maturation. La culture autogérée s’oppose à la culture dépendante et autoritaire des institutions publiques et des marchés.
L’association artistique, même de grande taille, n’est pas une institution.
Elle est dirigée par un comité représentatif qui travaille bénévolement et toute décision est prise collectivement. Même lorsque l’association perçoit des subventions, son comité directeur reste bénévole. Les aides vont servir au maintien du loyer à un prix modéré, aux équipements et elles peuvent servir à payer un employé qui décharge le comité d’un travail trop lourd.
La diversité
Être artiste dans un contexte autogéré constitue également un choix qui a ses conséquences. Le cadre associatif apporte à l’artiste une richesse et des responsabilités. La cogestion d’espace commun favorise des rencontres souvent fructueuses qui permettent le partage des connaissances et, la cohabitation affine la conscience citoyenne et communautaire. Les nouveaux membres se choisissent collectivement ce qui garantit, dans une approche multiculturelle, une diversité d’origine, de sensibilité artistique et d’âge que l’on ne trouve pas dans les ateliers gérés institutionnellement. Ces derniers sont soumis d’abord à des critères de sélection élaborés par un jury qui va les justifier en définissant une ligne artistique exclusive souvent imposée par le marché de l’art et par définition arbitraire. De plus, ces bourses ne sont octroyées que pour des périodes limitées, ce qui contraint les récipiendaires à une cadence souvent néfaste pour leur travail.
Modus vivendi
Être artiste dans un contexte associatif découle d’un choix de vie qui veut sortir des schémas de société qui imposent soit la précarité des losers et la réussite financière des winners. Il s’agit aussi d’un mode de vie basé sur des moyens modestes, mais non misérables qui donne la priorité au temps et favorise l’éveil au monde. Ce mode de vie comprend également un respect de l’autre dans son besoin d’indépendance pour le développement de son travail. Artiste indépendant est d’abord un statut fiscal. En ce sens une association d’artistes ressemble à une coopérative d’habitation. Chaque membre est un locataire qui subvient à ses besoins en déduisant ses frais professionnels de ses gains annuels. L’aspect communautaire est présent dans la gestion des espaces communs, des outils communs et de la gestion administrative de l’association.